Osthéopathe depuis 25 ans à Saint-Grégoire, Jean-Charles Ménard est également un sportif accompli. Quintuple champion de Bretagne en squash et ancien numéro 28 français de la discipline, Jean-Charles a terminé sur la troisième marche du podium des championnats de France vétéran en fin d’année 2021. L’occasion de revenir avec nous sur ses passions.
À quel âge avez-vous commencé à faire du sport ? Quels sports avez-vous pratiqués avant d’en arriver au squash ?
J’ai commencé le foot à 7 ans, dans le même club que Gaël Danic à l’ASC Baden. Toute ma vie a tourné autour du foot et du sport en général. Au début du collège, j’ai tenté de rentrer dans un sport étude pour pratiquer du football mais en 5ème j’ai eu une pubalgie qui m’a éloigné des terrains. Je me suis alors tourné vers le squash car la pubalgie m’embêtait beaucoup moins dans cette activité physique. Après quelques mois de pratique, je me suis aperçu que j’avais des facilités et que je prenais quelques jeux aux quatre, cinq premiers joueurs du club ce qui m’a motivé et j’ai persisté jusqu’à aujourd’hui.
Pouvez-vous nous faire une description du squash selon votre point de vue ?
C’est un sport de raquette où contrairement au tennis ou au badminton les joueurs jouent du même côté du terrain. C’est très ludique et ça ressemble un peu à un jeu d’échecs à grande vitesse. Si vous arrivez préparé physiquement et que techniquement vous êtes au point pour ne pas vous blesser ça devient très ludique. Le squash permet de travailler les 3 filières énergétiques qui sont l’endurance, la résistance et la rapidité. Enfin, je dirais que c’est surtout un sport excellent pour éviter le stress, nous pouvons nous libérer et évacuer des tensions, au tennis vous respecter la ligne au fond du court, au squash on peut se lâcher un peu plus. J’ai vraiment très vite accroché avec ce sport et après ma femme c’est ma grande passion dans ma vie. Toute ma vie, ce qui m’a animé c’est la compétition, le sport.
Pouvez-vous nous donner les ingrédients qui font un bon joueur de squash ?
Dans un premier temps sur le plan physique il faut être performant sur les 3 filières énergétiques vues précédemment : l’endurance car un match peut durer 1h15, la résistance car un échange peut durer 2 ou 3 minutes et la rapidité ou la tonicité car il faut faire la différence sur quelques mètres bien souvent. Si techniquement on est au point, il ne reste plus qu’à travailler sur la prise de décision qui doit être rapide en améliorant sa prise d’information sur le placement de l’adversaire, sa façon de tenir la raquette et la trajectoire de la balle. Enfin comme cela reste un jeu, avoir un peu de malice tactique est un plus pour essayer de garder un coup d’avance sur notre adversaire.
Vous êtes également ostéopathe à Saint-Grégoire depuis 1997, y a-t-il une corrélation entre votre vocation professionnelle et votre passion pour le sport ?
Étant donné que j’ai rencontré des thérapeutes assez jeunes pour traiter ma pubalgie, ça m’a donné envie de faire le même métier et d’aider les autres. C’est un métier que je trouve aussi gratifiant. Ce que j’aime avec l’ostéopathie c’est que lorsqu’un patient ressent des gênes ou des douleurs, il est possible de lui redonner plus facilement de la mobilité pour reprendre rapidement le travail, le sport ou ses loisirs. Ça m’a également permis à un moment donné de ma vie de travailler pour le club du Stade Rennais F.C (de 2008 à 2015) et d’être au contact des joueurs en semaine et pendant les matchs. C’est un métier qui m’a permis de lier passion et vie professionnelle. Comme je le dis à mes filles, lorsqu’on travaille dans un domaine qu’on aime bien, on n’a pas l’impression de travailler !
Vous êtes aujourd’hui classé dans la catégorie « vétéran », dans un sport très exigeant physiquement. Quelle est votre routine sportive pour rester au niveau ?
Alors pour ma routine sportive, sur une semaine classique je m’entraine à peu près 1h30 le mercredi après-midi, 1h30 le samedi après-midi et une sortie le dimanche soit de 2h de vélo ou 1h de footing. Souvent j’intègre également un footing de 30 minutes le lundi soir sur un tapis de course chez moi. L’objectif est d’entretenir le foncier sur la durée pour atteindre mes objectifs sportifs.
Comment vous préparez-vous pour vos compétitions ?
Personnellement, je prépare mentalement tous mes matchs en faisant de la sophrologie. J’en fais depuis 35 ans. Ça s’est bien développé aujourd’hui dans le sport de haut niveau, en rugby, en foot ou autre où un spécialiste complète un entraineur pour la préparation mentale. Pour ce qui est du physique, j’effectue une préparation aérobie pour travailler sur le fond, c’est un travail en longueur qui s’effectue tout au long de l’année. Je pratique du footing, du vélo ou de la natation quelques mois avant la compétition. Puis, plus je me rapproche de la compétition, plus je travaille en fractionné et j’augmente mes séances d’entrainement de squash pour retrouver les conditions d’efforts. Il faut aussi bien se nourrir, c’est pourquoi j’ai adopté un régime flexitarien (consommation limitée en viande), je me limite en aliment contenant du lactose également, je consomme beaucoup de fruits, légumes, poissons gras, des antioxydants qui contrent les maladies liées au vieillissement. Et enfin, les fameuses pâtes, riz et pommes de terre pour me permettre de faire des stocks de glycogène qui est le carburant du muscle.
Vous avez fini récemment troisième au championnat de France de squash Vétéran, vous êtes en préparation des championnats du monde. Quels sont vos objectifs ? Allez-vous faire une préparation plus poussée pour cette compétition ?
Aux championnats de France nous sommes un plateau de 32 participants, sur quatre jours nous avons fait 5 matchs. Aux championnats du monde, c’est un plateau de 128 joueurs donc déjà il a plus de match sur une semaine complète. La préparation va commencer un peu plus tôt en termes de foncier avec du footing, vélo etc. Je vais donc commencer en février-mars à bien me préparer pour la compétition fin aout. L’objectif est d’arriver dans une condition physique qui me permette de faire face à l’intensité sur la durée de la compétition. Souvent on rencontre sur le parcours d’anciens professionnels, il y a quelques mois par exemple j’ai joué contre Steve Alcock – classé 50ème mondial pendant sa carrière professionnelle – et j’ai gagné 3-2. Je compte arriver sans complexes à cette compétition, il faut y aller et tout donner sur place pour faire la meilleure performance mais sans pression. L’appétit vient en mangeant, il faudra prendre match par match, balle par balle et surtout se faire plaisir.
Quels conseils donneriez-vous à nos lecteurs qui ne pratiquent pas ou peu de sport pour commencer une activité physique et devenir régulier dans la pratique ?
Avant tout je pense qu’il faut leur donner envie de pratiquer donc déjà se tourner vers une activité qu’on apprécie, il faut prendre du plaisir à bouger dans un premier temps. Pour des jeunes surtout il faut que la notion de plaisir ressorte en premier, ensuite que ce soit en football ou en squash ou autre, peu importe l’activité pratiquée il faut avoir une approche plus ludique, proche de l’amusement ou du jeu. Pour des adultes qui n’ont pas fait de sport depuis 20 ans, nous allons plutôt leurs conseiller de faire de la marche, du vélo, de la natation. Des activités plus douces où ils vont prendre du plaisir, où ils vont pouvoir retrouver le goût de l’effort tranquillement. Ensuite c’est la régularité qui va compter et quelque part c’est bien de devenir un petit peu addicte au sport. Après une séance, un effort on se retrouve souvent dans un état de bien-être grâce aux substances sécrétées au niveau de l’hypothalamus, dont notamment une des hormones du bonheur, la dopamine mais également des endorphines sécrétées par l’hypophyse. Le sport est en quelque sorte comme une cure de Jouvence pour notre corps. Il est important de ne pas perdre le goût de l’effort.
Le mot de la fin
L’homme est génétiquement une espèce en mouvement, programmé pour bouger. Le chasseur cueilleur faisait 12 à 16 km par jour, aujourd’hui on en fait 2,6 km en moyenne. Le sport stimule le système immunitaire en vascularisant le foie, la rate et le thymus (organes lymphoïdes). Contrairement à ce que l’on pense, le fait de faire du sport malgré la fatigue de la journée, va nous restituer de l’énergie. Avec du mouvement, la pression exercée sur les disques lombaires va permettre de sécréter les protéoglycans qui retiennent l’eau et réhydrate le disque. Notre condition physique s’améliore en bougeant, on devient plus efficace dans notre travail et cela joue également sur notre humeur. L’activité physique en général permet également de développer les réflexes, de stimuler tous les récepteurs proprioceptifs et de repousser les troubles cognitifs (mémoire, référence dans l’espace et le temps, évite les sauts d’humeur…). En résumé : faites du sport !